J’faisais part à un collègue de mes déceptions footballistiques des dernières semaines (le péno raté de Drogba en finale de la CAN, les matchs pourris des clubs que je soutiens, les résistances du PSG, l’incapacité de Liverpool à revenir au top, la France qui ne jouera pas en Pologne alors que j’y serai au début de l’Euro, etc.) et le mec me dit : « bah, c’est que du foot ».
Alors que les choses soient bien claires : ce n’est jamais « que du foot ». Je sais bien qu’on aime bien se dire ça quand les nouvelles sont mauvaises, quand on est invité à dîner chez des gens qu’on connait peu, ou quand on perd à l’Urbanfoot. Mais ce n’est jamais que du foot. Ce n’est, d’une manière générale, jamais « qu’un jeu » (et les mecs qui m’ont battu à la contrée dernièrement n’ont qu’à bien se tenir).
Il faut en finir avec l’idée que le jeu est une chose superficielle. Pourquoi le jeu serait-il une chose légère ? Futile ? Pourquoi serait-ce plus futile que… l’art, par exemple ? A lui seul, le foot mobilise autrement plus de monde, cristallise davantage de problématiques politiques, crée plus de lien social, est un facteur d’intégration plus important que l’art.
Allez dire à Kasparov que les échecs c’est qu’un jeu.
Les matchs retransmis au bistrot des familles ? C’est pas que du foot.
Les souvenirs des foot au stade "le Spitak", le terrain un peu pérave d'en face de la maison, avec un muret pour faire des grands ponts en guise de ligne de touche? Pas que du foot!
Paris va être champion ? C’est pas que du foot (c’est notamment de l’économie). A la CAN les équipes sont désormais meilleures en défense qu’en attaque ? C’est pas du foot (c’est de la colonisation). L'OGC Nice va descendre en ligue 2 ?
Bah, ça c'est rien, c'est que du foot, ça.
Peut-être même que c'est même pas du foot.