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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 12:55

 zlatan.jpg 

En fait, Paris l’an dernier ils ont mis en place leur formation "sapin" – et maintenant c’est parti pour les guirlandes, les boules, et l’étoile tout en haut… Et les supporters veulent déjà les cadeaux. Ils pronostiquent, en attendant, que le PSG écrasera le championnat de France, et pourquoi pas ira en finale de ligue des champions.

Ben tiens, et oui, pourquoi pas ? C'est à leur portée, la ligue des champions, non? 

Un ami m’a même envoyé, hier, le texto suivant : « allez, avoue, t’as un peu envie de voir du beau jeu en ligue 1 et qu’une équipe fr démonte le Real et Ronaldo. Finis les centres de vieille de Réveillère pour espérer battre le Bayern. Ne va pas contre ta volonté. »

Les mecs ils veulent que le monde entier soit sous le charme de leur équipe. Mais que les choses soient claires : je veux bien, depuis quelques temps, faire l’effort d’être objectif, mais de là à supporter le PSG, on ne va pas exagérer, hein.

Moi ce qui m’intéresse, c’est que du coup, avec Zlatan en pointe, Pastore à côté il aura l’air encore plus maigre, et Menez encore plus nul. Et j’espère que quand je verrai le PSG à la télé, ce sera le jour où et Zlatan, et Menez, et Néné feront la gueule et n’en foutront pas une, pour faire comme Pastore et Lugano. Moi, ça me plait de lire que Thiago Silva il ne voulait pas venir («Ça a été une décision compliquée pour moi. Mon envie, et celle de mes proches, était de rester à Milan »).

Et ça me plaira de voir le PSG perdre, comme ça me plait depuis tout petit.

Alors je sais, c’est con, et d'ailleurs je ne me l’explique pas précisément : le PSG j’peux pas. Je pense tout de suite Ginola, Vincent Guérin, Anelka, Patrick Colleter, Mario Yepes, et j’peux pas. Aujourd’hui 20 juillet, j’espère que les mecs recrutés ils sont venus à Paris en vacances, que jouer au foot va les saouler, et que comme l’an dernier, une équipe audacieuse et combattive leur grillera la politesse. C’est pas une question d’argent / pas d’argent. De petit poucet, de David et Goliath où je ne sais quoi. C’est beaucoup plus bête que ça. C’est qu’une question de réflexe. Paris, je suis contre. Et d’ailleurs Zlatan est très surestimé.

 

 

 

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 10:17

buffon-hymne.jpg

La question se pose à nouveau – et je m’aperçois que je ne me suis encore jamais prononcé.

Eh bien ma réponse est non.

J’entends déjà certains lecteurs : « Quoi ? Toi qui aimerais que les noms des joueurs ne soient pas floqués sur les maillots des équipes nationales, toi qui n’aimes pas les célébrations de but, toi qui dis encore « arrière d’aile », toi, tu n’exiges pas que les joueurs chantent l’hymne nationale ? »

Mais au nom de quel argument ? Personnellement, je chante faux, même Joyeux anniversaire j’le chante faux – et si j’avais été sélectionné en équipe de France, j’aurais pas chanté. Et ‘y a peut-être des joueurs pudiques ? Et ‘y a peut-être des joueurs communistes ?

Ce problème de l’hymne national n’existe que parce qu’il y en a d’autres – incivilités, insolence, dilettantisme des joueurs. On gagnerait, personne n’en n’aurait rien à fiche. C’est comme ça la France : on n’a parlé d’équipe « black / blanc / beur » qu’après la coupe du monde remportée – jamais il n’avait été question d’une sélection « black / blanc / beur » (c’était plutôt une sélection, si mes souvenirs sont bons, où l’on comptait les joueurs du championnat de France, voire les joueurs blancs).

Alors je sais bien que Buffon ferme les yeux et donne tout dès l’hymne, et qu’on peut alors proposer des corrélations entre l’attitude pendant l’hymne et celle sur le terrain – mais on en a connu des qui chantaient et qui ne branlaient rien, et même d’autres qui ne chantaient pas et qui donnaient tout.

En Italie ils aiment tellement la nation que longtemps, quiconque n’avait pas une couleur ou un nom bien italien n’avait guère de chance d’être sélectionné. Sans nécessairement discuter l’idée que les Italiens se font de la nation, parce qu’il faudrait longuement développer pour dépasser le raccourci ici fait, je refuse simplement d’y voir un modèle qui va de soi. Ce n’est pas nécessairement derrière l’hymne qu’on se soude, ni grâce à lui qu’on se motive. Le respect, ou l’amour, si l’on veut, du maillot de l’équipe national ne passe pas irrémédiablement par le chant de l’hymne. Du moins on ne m'a encore jamais expliqué en quoi ce serait le cas.

En exigeant que les joueurs chantent, on veut quoi ? Sauver les apparences ? Quelle mentalité petit bras. Il suffira, si la France joue mal, d’exprimer que « pff de toute façon les joueurs ne chantent l’hymne que parce qu’on les y oblige ».

La solution elle est simple : si l’équipe de France ne représente pas le sommet pour un joueur (s’il est trop pénible, s’il ne peut saquer personne, s’il préfère le ballon d’or au titre international, ou je ne sais quoi), eh bien on ne le prend pas. Je ne comprends pas comment on peut se plaindre de joueurs qu’on choisit. Qu'on sélectionne. Y a-t-il en France un seul joueur qui soit au-dessus du lot au point qu’on doive « faire avec » ses tares, puisqu’il fait basculer les rencontres ?

Et quand bien même…

Je ne sais plus qui a dit qu’en Angleterre on aimait le foot, tandis qu’en France on aimait gagner au foot, mais il avait raison. Notre pays de coqs n’a pas le courage d’être… mettons comme la Grèce, à savoir une équipe moyenne mais courageuse, qui fait plaisir à ses supporters parce qu’elle fait le maximum. Nous on prétend vouloir exclusivement que les joueurs « mouillent le maillot », mais c’est faux : on veut une équipe à la hauteur de notre orgueil, et une équipe consciencieuse et combattive ne le comble pas. Notre génération 87 s’est vu tout pardonner, parce qu’elle avait gagné – maintenant qu'elle ne gagne plus, on veut qu’elle chante, on regrette qu’elle n’ait pas fait l’armée, parce qu’elle parle mal, qu’elle tricote. Pourtant Menez il avait fait l’effort de faire la crète…

 

 

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 21:11

supporter-depite.jpg

J’faisais part à un collègue de mes déceptions footballistiques des dernières semaines (le péno raté de Drogba en finale de la CAN, les matchs pourris des clubs que je soutiens, les résistances du PSG, l’incapacité de Liverpool à revenir au top, la France qui ne jouera pas en Pologne alors que j’y serai au début de l’Euro, etc.) et le mec me dit : « bah, c’est que du foot ».

Alors que les choses soient bien claires : ce n’est jamais « que du foot ». Je sais bien qu’on aime bien se dire ça quand les nouvelles sont mauvaises, quand on est invité à dîner chez des gens qu’on connait peu, ou quand on perd à l’Urbanfoot. Mais ce n’est jamais que du foot. Ce n’est, d’une manière générale, jamais « qu’un jeu » (et les mecs qui m’ont battu à la contrée dernièrement n’ont qu’à bien se tenir).

Il faut en finir avec l’idée que le jeu est une chose superficielle. Pourquoi le jeu serait-il une chose légère ? Futile ? Pourquoi serait-ce plus futile que… l’art, par exemple ? A lui seul, le foot mobilise autrement plus de monde, cristallise davantage de problématiques politiques, crée plus de lien social, est un facteur d’intégration plus important que l’art.

Allez dire à Kasparov que les échecs c’est qu’un jeu.

Les matchs retransmis au bistrot des familles ? C’est pas que du foot.

Les souvenirs des foot au stade "le Spitak", le terrain un peu pérave d'en face de la maison, avec un muret pour faire des grands ponts en guise de ligne de touche? Pas que du foot!

Paris va être champion ? C’est pas que du foot (c’est notamment de l’économie). A la CAN les équipes sont désormais meilleures en défense qu’en attaque ? C’est pas du foot (c’est de la colonisation). L'OGC Nice va descendre en ligue 2 ?

Bah, ça c'est rien, c'est que du foot, ça.

Peut-être même que c'est même pas du foot.


 

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 11:20

 

Comme annoncé hier, les Deux pieds décollés proposent à Android (ou Apple, ou qui voudra) une nouvelle application pour les mamans inquiètes. Malheureusement, je suis techniquement incapable de l’élaborer – mais peut-être que quelqu’un se penchera sur la question ?

Celle-ci ne fonctionnerait pas du tout comme « Juif ou pas Juif ? », application sortie sur Apple, qui répertorie simplement les Juifs. Elle s’inspire directement de « mon fils est-il gay ? » en simplifiant le procédé. Les mères répondent à vingt questions, comptent les oui, et découvrent le degré d’implication correspondant.

« Mon fils est-il supporter du PSG ? »

1. Porte-t-il à nouveau son t-shirt en nylon bleu et rouge auquel il ne touchait plus depuis dix ans ?

2. Trouve-t-il les journalistes de Canal+ très objectifs, sauf Dugarry qui raconte n’importe quoi ?

3. Ressemble-t-il un peu, d’une manière ou d’une autre, à Jérôme Leroy ?

4. Continue-t-il de penser, contre les faits, que Ginola était meilleur que Waddle ? Pauleta que Papin ? Valdo qu’Abedi Pelé ?

5. A-t-il déjà imité l’aigle des Açores à Vincennes ?

6. A-t-il la certitude que Marseille a payé le Milan AC pour remporter la ligue des champions ?

7. S’est-il déjà battu au stade alors que les supporters de l’équipe adverse n’avaient pas fait le déplacement ?

8. La mention du nom « Ravanelli » lui file-t-elle de l’urticaire ?

9. A-t-il une affection légère, improbable, à vos yeux inexpliquée, pour Patrick Bruel ? Jean-Luc Delarue ? Nicolas Sarkozy ?

10. La banderole sortie lors de PSG - Lens au Stade de France (« Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis ») l’a-t-elle fait rire ?

11. Sort-il avec des potes les mardis et mercredis soir de ligue des champions au lieu de regarder la télé ?

12. Vous a-t-il fait part, ces derniers mois, d’une espèce d’histoire d’abonnement à laquelle vous ne comprenez rien ?

13. Est-il inscrit sur « adopte un mec » ?

14. Sait-il qui est Francis Borelli ?

15. Songe-t-il régulièrement à solliciter le soutien psychologique de Yannick Noah?

16. A-t-il fait une tentative d’attentat de Jacques Chirac en 2002 ?

17. Est-il désormais convaincu que Pastore valait bien 42 millions d’euros ?

18. Est-il ami avec Planète PSG sur facebook ?

19. Si on lui parle de la Juventus, est-ce qu’il essaie de changer de sujet en parlant du Real Madrid ?

20. Saurait-il expliquer ce que c’est qu’ce foutu landau sous la tour Eiffel du logo ?

logo-psg  

Résultat

Si vous avez 20/20 : vous êtes la mère de Maxime Brunerie, supporter du PSG néonazi, qui fréquentait le kop de Boulogne jusqu’à ce qu’il aille en prison pour avoir voulu tuer le président Chirac.

Plus de 15 oui : votre fils est beaucoup trop supporter du PSG. Souffrant de graves troubles de l'objectivité, il se pourrait bien qu'un jour il tienne ce genre de discours : "Je n'aurai jamais plus d'amour pour une femme que j'en ai pour le PSG car le PSG est ma première histoire d'amour, et ce, pour l'éternité...". (Julien44470, forumpsg.fr). 

Entre 10 et 15 oui : Faîtes attention. Votre enfant est à un moment charnière de son adolescence. Sans doute, il trouve dans les tribunes du Parc les réjouissances d'une jeunesse enthousiaste, engagée, rebelle. Mais pour comprendre le foot un jour, et pour que son parcours scolaire ne soit pas un désastre, veuillez l'informer des stratégies de recrutement du Real Madrid entre 2003 et 2009, et lui télécharger le documentaire Chris Magic Waddle.

Entre 5 et 10 oui : Votre enfant est un supporter du PSG normal. C'est-à-dire moyen. C'est-à-dire banal. Il connait suffisamment l'histoire du club pour réclamer le statut de supporter fidèle, mais s'il va au stade, il se méfie des virages. Comme tous les ados, il fait des erreurs, mais pas d'inquiétude pour son avenir : il se pourrait bien qu'une carrière de journaliste à Canal+ s'ouvre à lui.

Moins de 5 oui : Il est pour Paris parce qu'il est parisien. Néanmoins il se pourrait bien que le football l'intéresse en général, plus que le PSG en particulier. Méfiez-vous cependant à ne pas en faire quelqu'un de trop neutre. Montrez-lui des vidéos des plus beaux buts de Pauleta. Si cela ne suffit pas, il y a le traitement de fond : le but de Francis Llacer tous les matins : 

 

 

 

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 09:53

prince-william-et-kate-middleton.jpg 

En France, depuis toujours, on déteste les Anglais au moins autant qu’ils nous haïssent. Et pour cause : c’est un pays d’arrogants, de flegmatiques, d’insupportables et capricieux insulaires à la peau beaucoup trop blanche pour que leur réputation de parfaits marins soit crédible. Les filles d’Angleterre n’ont aucun goût, surtout celles qui n’ont pas voulu de moi quand j’avais 20 ans. Leurs métros sont bas de plafonds, leur presse, tellement people, est d’une vulgarité sans nom. Il n’y a guère que les Burger King et les bus qui nous sont sympathiques.

Desproges lui-même entame son livre Les étrangers sont nuls par les Anglais, de la façon suivante : « L’Anglais est appelé ainsi à cause de ses traits anguleux. C’est pourquoi les Anglais sont tous des angulés. »

Pourtant, si on est honnête, on est contraint de reconnaître que leurs clubs de foot sont cools : y a pleins d’équipes de reds et de blues enthousiasmantes, avec des derbys vachement chouettes… Les tribunes sont collées au terrain au point qu’un joueur peut aisément enchaîner un combo high kick - front kick glissé - crochet du droit sur un supporter de Leeds United… Les supporters connaissent pleins de chansons…

Et puis leur pelouse sont nickel (Desproges encore : « l’Anglais tond son gazon très court, ce qui permet à son humour de voler au raz des pâquerettes »).

Ça a des qualités, quand même, l’Angleterre.

On peut songer, aussi, au fait que des milliers de jeunes français qui se battent contre le fléau libéral en France s’épanouissent à Londres.

Oui, en poussant la réflexion on est obligé de s’apercevoir qu’il y a même pleins d’Anglais formidables. ‘Y a Chris Waddle, le plus génial des dégingandés de l’histoire du championnat de France. ‘Y a Wayne Rooney, le plus subtil des bourrins. On songe aussi à George Best, le plus philosophes des footeux (« j’ai dépensé 90% de mon argent en alcool et en femmes. Le reste, je l’ai gaspillé. », in Brèves de football, Bruno Dély), sauf qu'il est nord-irlandais.

En réfléchissant, on s’aperçoit donc qu’on a exagéré, que les Anglais c’est mieux qu’on croyait. Que c’est toujours préférable aux Italiens, par exemple. Parce qu’alors eux, vraiment…

Et en effet les exemples d’Anglais-modèle s’enchaînent : ‘y Steven Gerrard.

‘Y a Johnny Wilkinson.

Incontestablement.

La classe internationale.

 

Sauf que voilà le problème avec les Anglais

Avec les Anglais, c’est pile quand on croyait que tout s’arrangeait qu’on déchante, qu’on revient les pieds sur terre.

Qu’on retourne à la case départ.

Wilkinson.

Wilkinson >> Rugby.

Rugby >> Coupe du monde.

Coupe du monde >> Choc des hémisphères.

Hémisphère >> Hémisphère Nord.

Hémisphère nord >> France et Angleterre.

>> Angleterre.

>> Maillot des Anglais.

La coupe du monde de rugby a commencé le 9 septembre. C’est en Nouvelle-Zélande. Terre de rugby. Patrie des All Black.

Les Anglais, depuis toujours, jouent avec un maillot blanc orné d'une rose (fleur qui a donné son nom à la couleur du bronzage des Anglais). Et là, en 2011, ils ont décidé d’aller jouer cette coupe du monde avec un nouveau maillot.

Un maillot noir.

La couleur de la légendaire équipe All Black.

Par provocation ? Par insolence ? Par narcissisme ? Les Anglais se considérant comme les All Blacks de l’hémisphère nord ? Parce qu’au fond les All Black n’ont pas le monopole de cette couleur ? Putain mais pourquoi ils le font au moment de la coupe du monde là-bas, si c’est pas pour faire les malins ?

C’est évidemment l'opportuniste Nike, très habitué aux pseudo audaces provocantes, qui a insufflé cette idée à la fédé anglaise. Le libéralisme et le communisme se rejoignent, décidemment, dans leur haine de la tradition. 

 

Pourquoi ils ‘font pas le Haka, aussi, les Anglais, hein, tant qu’à faire ? Pourquoi ils auraient le monopole du Haka, les All Black ?

Hein, sans déconner ? EST-CE QUE NOUS ON VA SE METTRE À EXIGER QUE LES MECS JOUENT EN BLANC À ROLAND GARROS ? COMME CES ABRUTIS L’EXIGENT À WINBLEDON ?

Abrutis d’Anglais.

 

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 08:11

burger-king.jpg 

C’est bien plus qu’une rumeur, c’est une annonce documentée que fait le site sérieux snacking.fr : début 2012, on pourra bouffer un double Whooper à Paris. Outre qu’il n’y aura définitivement plus aucun intérêt d’aller à Londres (dans la mesure où il est impossible d’avoir des places à des tarifs accessibles pour aller aux stades), c’est une très bonne nouvelle pour la ville, qui n’attend plus, désormais, pour être une capitale vraiment sérieuse, que d’avoir plusieurs clubs de foot en son sein, afin qu’après les matchs ‘y ait des rivalités et des bastons normales (entre supporters pas du même club).

Burger King c’est trop cool, ça fait l’unanimité ; on devrait d’ailleurs bientôt commencer à entendre des gens branchés soutenir que ce n’est pas du tout un événement, que ce n’est pas si bon, que le Big Mac est meilleur, etc.

Mais c'est un événement.

Bien sûr, le bon gros sandwich Américain baguette-steack-haché-frites-salade-tomates-sauce-samouraï du camion ça continuera de rivaliser avec le Whooper, mais de toute façon à Paris on ne trouve pas de bons sandwichs Américains (faut aller à Bagnolet, au Bistrot des Deux avenues, en plus le patron écoute RMC dans son troquet).

S’il s’en ouvre un vers Bastille, de Burger King, c’est là-bas que j’irai prendre ma bouffe à emporter pour mater les matchs au bistrot des familles, chez Kiki, qui ne fait pas à manger mais qui accueille amicalement les gamelles dans son bar, et qui doit se régaler, lui, depuis la reprise, à voir Paris jouer, et qui va pas s’priver de m’demander, avec son accent parigo-kabyle : « Bah alors, Nice et Marseille, ils sont où, là ? »

Alors j’vais lui répondre : « Mais c’est normal Nice ils misent tout sur la coupe de ligue, et d’ailleurs fais voir la côte de Nice, là… Ce week-end ils jouent contre qui ? A Montpellier ? Vas-y 10 euros sur la victoire de Nice ».

Fin de l’été, retour de la vie de quartier. 


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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 10:18

maillot-third_liverpool.jpg  maillot_orange_OM_2012_13_cover.jpg

 

Le maillot third est dessiné dans un évident souci d’originalité, pour ne pas dire de distinction : étant le maillot porté lors des matchs de Coupe d’Europe, il doit être « pas comme les autres ».

C’est-à-dire : il ne doit ressembler ni aux classiques, aux banals maillots domicile ou extérieur, ni à n’importe quel autre maillot du monde. Jouer la champion’s league, c’est quand même spécial, et on ne va pas non plus le faire avec son maillot traditionnel, sobre et élégant, aux couleurs du club.

Des designers se creusent donc la tête en début de saison pour nous pondre des maillots dont la mocheté est aussi évidente qu’insupportable. Pour parvenir un degré de laideur complètement original, les créateurs prennent leur carnet d’échantillons de couleurs et en choisissent une parmi celles qui :

- n’ont encore jamais été choisies par aucun club

- n’ont encore jamais été choisies par quoi que ce soit dans quelque domaine que ce soit

- passent mal à la télé

- passent mal en vrai

- ressemblent le moins possible aux couleurs qui identifient le club

- ressemblent le plus possible aux vestes des stadiers


Personne ne s’est dit que si certaines couleurs n’avaient encore jamais été choisies, pas même dans le championnat allemand, ce n’est pas pour rien ?

Même les nouveaux maillots des arbitres sont mieux que les maillots third. En ligue des champions on a parfois eu l’impression de voir des matchs entre stabilos.

maillot third 1 maillot third 2 

maillot-third-3.jpg

Même parmi les supporters les plus acharnés, même parmi les collectionneurs les plus méticuleux, on rencontre des sceptiques.

En cette période d’avant saison, les clubs dévoilent leur maillot third, et franchement c’est carnaval.

Et puis même ceux qui font sobres (pour être plus originaux) : arrêtez un peu de prendre les gens pour des cons, parce que sortir son maillot spécial en ligue des champions et prendre un gros tarif contre le Barça, ce n’est pas très glorieux. Quant à Barcelone, qui a lancé la mode en 1992 (Koeman ci-dessus. Source : mes vagues souvenirs), eh bien en remportant des coupes avec des maillots comme ça, on gâche les albums de souvenirs. La succession de maillots bariolés sera moins belle - et même moins étonnante - qu’une simple et noble évolution des formes, des dessins, des styles et des modes, davantage remarquable lorsque les changements (dont je ne conteste pas la nécessité, bien sûr) s’opèrent dans une certaine continuité : celle des couleurs.

Les maillots du passé sont drôles, sans doute, parfois, parce que même sans exubérance initiale, le temps qui passe se charge de rendre amusantes les modes passées, mais le regard rétrospectif, lorsqu’on voyage en ballon, charge ces vieux maillots d’une valeur vintage précieuse.

Mais avec ces maillots third déjà kitchs, qui ne retiennent que le pire aspect des tendances éphémères, et la plus risible des caractéristiques de l’événementiel, eh bien les clubs vont jusqu’à sacrifier un marqueur fort de l’histoire des clubs à d’inutiles et maladroits objectifs commerciaux.

 


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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 16:14

Ribery-philo.jpg 

Parmi tous les sujets présentés aux lycéens à l'épreuve de philo du bac, nous traiterons, sur les Deux pieds décollés, la question proposée aux terminales littéraires :

L’homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même ?

Introduction

Le marché des transferts fixe – ponctuellement – la « valeur » des joueurs de football. Un « talent », un « potentiel », une « expérience » ont des équivalents en argent. Mais les éléments sur lesquels on s’appuie pour établir un prix sont-ils fiables ? La question de la valeur objective est en outre compliquée par les lois du marché – l’offre et la demande. Cela dit, il existe peut-être un repère crédible pour fixer la valeur d’un joueur : le point de vue que celui-ci a sur lui-même. En effet, qui est le mieux placé, pour porter un jugement sur une personne, que l’individu concerné ? Qui connait les qualités d’Inzaghi mieux qu’Inzaghi lui-même ? Une tierce personne qui prétendrait qu’elle nous connait mieux que nous-mêmes paraitrait bien insolente.

Reste qu’il n’est pas certain que nous ayons sur nous-mêmes un point de vue conforme à ce que nous sommes. La proximité avec soi, la conscience de soi, les expériences vécues nous mettent sans doute en situation de cerner à la fois notre identité et notre valeur. Mais ne manquons-nous pas, du fait même de cette proximité, de recul sur nous-mêmes ? La psychologie nous apprend par ailleurs que nous ne sommes pas lucides : le manque ou l’excès de confiance en soi, entre autres exemples, ne sont pas des tempéraments rarement rencontrés. Cristiano Ronaldo est-il aussi fort qu’il le pense ? Gignac a-t-il les moyens de son ambition ? Gameiro ne pouvait-il pas prétendre à la ligue des champions ? Les exemples ne manquent pas pour supposer que l’homme est moins qualifié qu’il ne le pense pour se connaître – il se pourrait bien, au contraire, qu’il s'illusionne complètement.  

 

Première partie : Le footballeur a un point de vue fiable sur lui-même

Pas de contresens : le « Connais-toi toi-même » de l’Oracle de Delphes invite l’homme à se connaître non pas en tant qu’individu singulier, particulier, différent des autres, mais comme « genre » humain. « Connais-toi toi-même », tel que cela est compris par Platon, cela signifie : qu’est-ce que c’est qu’être un joueur de foot?

Ribéry lui-même, à qui Domenech avait conseillé d’apprendre à se connaître, avait répondu : « Vas-y, connais-toi toi-même ».

Tout footballeur, via sa formation, s’efforce de définir le joueur qu’il faut devenir, en s’appliquant à ressembler aux modèles établis par l’histoire de son sport et les commandements de son entraîneur. Chacun de nous est armé pour répondre à la question : « qu’est-ce qu’un joueur de foot ? » ; aiguillé par cette connaissance, on peut alors entreprendre de devenir un joueur particulier.

Nous sommes, ensuite, les mieux placés pour savoir quel joueur particulier nous sommes. Qui mieux que Ribéry peut savoir qui doit jouer à gauche ?

Et même si nous sommes formés par d’autres, nous ne subissons jamais passivement l’éducation : chaque joueur est l’acteur de sa progression. Être conscient de lui-même n’isole pas le joueur. Les critiques des autres sont des éléments que nous pouvons intégrer à l’évaluation de soi. Le joueur de foot cherche toujours, d’ailleurs, le point de vue d’autrui. « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? » s’interrogeait la belle-mère de Blanche-Neige. « Ecran du stade, mon bel écran du stade, dis-moi combien mon but est beau », s’interroge Cristiano Ronaldo après chaque but. La plupart des joueurs, en outre, cherchent à savoir quelles notes ils ont eu dans l’équipe. Enfin, les insultes des supporters, les voitures détruites, les menaces de mort sont autant d’indices que le joueur ne convainc pas.

Mais être bien placé pour se juger signifie-t-il qu’on a le dernier mot ? Qu’on a toujours raison ?

 

Deuxième partie : ce que le joueur ne peut pas savoir

C’est bien beau de se sentir en forme, d’être motivé, de connaître ses qualités. Sauf que parfois vous arrivez dans un nouveau club, et la visite médicale vous remet à votre place : vous avez un problème au cœur (Savidan, etc.), et fin de carrière. Certaines choses qui concernent une personne, c’est incontestable, échappent d’abord à cette personne. 

Une partie de l’argument du manque de recul a été évacué en première partie : être conscient de soi, c’est aussi s’intéresser aux points de vue des autres qui voient des choses que nous ne voyons pas. Mais il reste que la conscience de soi et la considération du regard d'autrui ont leurs limites.

La mauvaise foi, l’orgueil, mais aussi, à l’inverse, le doute ou le manque de confiance font que nous n’avons pas un accès objectif à ce que nous sommes. Gignac ne définit pas ses objectifs relativement à ses compétences, mais par rapport à ses ambitions. Il en déduit : je réussirai à Marseille. On attend toujours.

Nous sommes fatalement en situation d’interpréter ce que nous sommes ; rien n’indique que cette interprétation corresponde à la réalité. Aussi les joueurs s’arrêtent-ils plutôt à des interprétations qui leur conviennent, et non qui leur correspondent.

Qui leur « convienne », pas forcément qui leur « plaisent ». On doit même envisager que l’homme cherche moins à se plaire qu’à se complaire dans l’image qu’il se crée de lui-même. Bonne ou mauvaise. Je renvoie à l'oeuvre philosophique Les canards ne savent pas tacler, l'autobiographie de Robert Pirès.

Par exemple, un joueur qui voudrait agir toujours parfaitement finit sans doute toujours par se dévaloriser : il ne correspond pas au modèle qu’il s’impose. Tous les sauteurs à la perche vous le diront : « c’est bien beau de mettre la barre très haut… Mais attention si vous la montez trop : elle aura beau vous avoir en effet tiré vers le haut, vous serez néanmoins passé dessous ».

Alors pour ne pas être dans l’illusion totale, devons-nous accepter qu’on ne se connait qu’imparfaitement ?

 

Troisième partie : plus on croit se connaître, plus on est dans l’illusion

Si un homme est assuré qu’il se connait, il est dans l’illusion. La première des lucidités est l’acceptation d’une part d’ignorance. En acceptant cela, il semblerait que nous ne soyons plus dans « l’illusion ». Nous reconnaissons que nous pouvons être dans l’ignorance, voire dans l’erreur, mais nous ne sommes victimes     d’une illusion qu’au faible sens où nous avons beau « voir » que les lignes du chemin de fer semblent se rapprocher, nous savons pertinemment qu’elles sont parallèles. C'est-à-dire : nous ne sommes pas réellement victime de l'illusion.

Reste que chacun vit, néanmoins, avec la conviction intime qu’il est quelqu’un de singulier, de spécifique. Et même si personne n’est capable de se définir, chacun ressent qu’il est différent de ce que les autres croient savoir. Materazzi reste persuadé qu’il n’est pas le bâtard que pourtant, en toute objectivité, il est manifestement.

Et nous n’abandonnons vraiment jamais l’idée que nous savons mieux que les autres qui nous sommes, et que nous sommes mieux qu'ils pensent. La psychanalyse donne une explication assez pauvre de cela : c’est le narcissisme. Autrement plus profonde, et plus vraie, est la compréhension par Blaise Pascal Olmeta de l’orgueil de l’homme.

L’illusion consiste finalement à croire qu’il y a quelque chose que nous « sommes », « au fond », que cela existe, bien que nous n’y ayons pas accès.

L’illusion n’est pas alors une erreur sur ce que nous sommes ; l’illusion consiste à croire que nous sommes quelque chose de précis, de définissable. Que notre identité existe de manière fixée.

Chacun est au croisement de ce qu’il donne de lui-même, de ce que les autres reçoivent et ce qu’ils nous renvoient ; l'homme a en outre du recul sur tout cela. Mais ces croisements déterminent moins une adresse fixée qu'un chemin à parcourir.

Nous sommes donc le résultat d’une histoire, d’une communauté, et notre histoire personnelle n’est pas écrite à l’avance : le résultat évolue jusqu'à ce que le match s'arrête.

La superstition qui règne dans le monde du football prouve que les joueurs de foot n’acceptent pas que les choses soient ainsi : ils cherchent des signes, les journalistes aiment parler de destin... Grégory Coupet a vu un signe dans le fait qu’il prenait sa retraite lors d’un match à Saint-Etienne, le club où il avait commencé. Mais Greg, j’ai envie de te dire : "écoute mec, c’est le hasard qui a produit ça. Le hasard, et le fait que Edel a été encore plus nul que toi cette année, parce que ta place de titulaire pour ce dernier match, tu l’as obtenue par défaut."


Conclusion

« Les gens connaissent le prix de tout, et la valeur de rien », écrit Oscar Wilde dans Le portrait de Dorian Gray. Il se pourrait bien qu’on puisse appliquer cela au foot : les joueurs ont des prix précis, mais les valeurs sont floues. Et le joueur est aussi mal placé que les entraîneurs, les supporters ou les présidents pour fixer une valeur, car ce qui caractérise un individu est imprécis, changeant. Chacun de nous fait toujours l’objet d’un débat. La conscience de soi est en quelques sortes l'agent du joueur (et vice et versaaaaa).

Chacun est sans doute le mieux placé pour prétendre à la connaissance de soi, mais la nature humaine est ainsi faite qu’il est impossible d'arrêter un point de vue sur soi-même, puisque l'identité n'est jamais fixée. Il s’agit là d’une nature absolument et proprement tragique : nous aspirons à la maîtrise de soi, mais sommes condamnés à nous comprendre imparfaitement, et à mal nous juger. Sont dans l'illusion ceux qui refusent cette condition.


 

 

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 14:28

Ribery---moi-je-te-tiens.jpg 

Deux pieds décollés : Franck, c'est notre deuxième entretien. Lors du premier, t'avais assuré. Là, nous venons de suivre la conférence de presse de la ministre des Sports. As-tu, pour commencer, quelque chose à dire à Laurent Blanc ?

Franck Ribéry : J’vous soutiens, coach. On est tous avec vous. La famille.

Dpd : Tu sais, toi-même, ce que signifie être la cible des médias.

FR : Toi-même tu sais. C'est net, l'acharnement j'ai connu ça. La misère.

Dpd : Le racisme ne concerne pas que les « couleurs » ou les origines. Il y a aussi des discriminations à l’égard des personnes originaires de banlieue. As-tu déjà eu des problèmes à cause du milieu où tu as grandi ?

FR : T’as trop raison, la couleur c’est pas le vrai problème. Le problème c’est même pas les binationels. C’est la banlieue, le véritable ennemi. Les cités, et tout ce qui va avec dans la tronche des gens : niveau de langage du fin fond de la classe, le mal à l'aise devant les caméras, ou encore être musulman. Franchement les rumeurs qui disaient que Yohann et moi on se serait fait un tête dans un avion, en Afrique, c’est purement pour foutre la merde. Du pur mytho.

Dpd : Penses-tu que certains essaient de dresser face à face deux France, à savoir celle des quartiers d'un côté, et d'un autre la France bien élevée, qu’incarne Yohann, qui parle bien, qui est beau et gentil ? Et dans l’équipe de France elle-même, le clivage n’existe-t-il pas ?

FR : Le clivage existe dans les médias. Je ne te l’ai jamais dit, mais j’avais beaucoup aimé l’article que tu avais posté puis publié sur Rue89 : tu y dénonçais très justement la « fameuse » une de l’équipe avec l’insulte d’Anelka. Cela dit, tu n’étais pas allé assez loin : au-delà du choix de mettre cette phrase (réécrite) en une, le plus violent restait la mise en scène sur l’image de la une : le photomontage réinventait un face à face entre le Noir, agressif, et le Blanc, insulté. La presse people la plus médiocre ne se permet pas de tels montages. En équipe de France, on rigole bien. Tous ensemble. En Afrique du Sud, on s’entendait peut-être mieux que France 98.

Dpd : Le sport aide les jeunes de banlieue à s’en sortir. L’histoire des quotas ne sera-t-elle pas traumatisante ?

FR : Beaucoup ont envie de réussir grâce au sport, mais peu y arrivent. A partir de là, il est insupportable qu’on insiste autant sur les vertus du sport pour sortir des banlieues. Une écrasante majorité de jeunes ne trouvera pas un métier grâce au sport. Les terrains de foot ou de basket ont des vertus autres que d’être un tremplin vers un avenir professionnel, il faut arrêter avec ce fantasme de s’en sortir grâce au sport.

Dpd : Il faudrait plutôt parler de l’école ?

FR : Ce serait déjà mieux. Mais peut-être qu’on pourrait, même, arrêter de parler de « s’en sortir ».

Dpd : Comment ça ? On devrait pas aider les jeunes de banlieue à s’en sortir ? Ils habitent dans des cages à poule, t’as vu. La France elle est ingrate, elle a jeté les Arabes et les Noirs dans des égoûts.

FR : On ne peut pas présenter les choses comme ça. J’ai beau ne pas avoir grandi dans un contexte idyllique, il y a des choses que je sais. Les grands ensembles, comme chez mes parents, furent une réponse à une crise du logement ; même Wikipedia essaie de nous rappeler qu’il s’agissait de « caser » des « immigrés », venus servir la maçonnerie française, mais le problème était plus global que cela. Le baby-boum, le retour des pieds-noirs, les immigrés effectivement : la crise était une crise du logement en général, et certainement pas une crise de l’immigration en particulier. Ces grands ensembles ont permis un large accès au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, équipements sanitaires, ascenseur...). Et d’ailleurs, ce ne sont pas tellement les immigrés qui ont d’abord bénéficié des grands ensembles : souvent en France sans leur famille, ils demeuraient plutôt, dans les années 60, dans des logements marginaux. Une loi, en 70, a interdit les bidonvilles, mais sans trop se demander où reloger les populations. Celles-ci, accentuées par le regroupement familial, se sont alors retournées vers les grands ensembles. Et cela se trouve en banlieue, parce que c’est en banlieue qu’il y avait de la place. Il y a un Que-sais-je ? bien fichu, sur toutes ces questions.

Dpd : Mais alors on n’a pas enfermé des gens le plus loin possible des villes ?

FR : A Paris, en 2011, il y a encore des gens qui ont les toilettes sur le palier, voire la douche. Imagine en 1940 ! Avant la guerre, environ 2% des logements réunissaient les trois caractéristiques du confort moderne (salle d’eau, WC intérieur, chauffage central). Voici la situation après la guerre : sur 14,5 millions de logements, la moitié n'a pas l'eau courante, les 3/4 n'ont pas de WC, 90% pas de salle de bain. On dénombre 350 000 taudis et 3 millions de logements surpeuplés. On a besoin de 3 millions de logements supplémentaires. Les barres, c’était une réponse qui voulait être bonne.

Dpd : Donc les banlieues c’est bien ?

FR : Non. Je dis qu’on ne doit pas accuser les pouvoirs publics n’importe comment. C’est facile de cracher sur la France, qui ne ferait, soi-disant, rien pour les immigrés qu’elle enferme dans les banlieues, et à qui elle fermerait maintenant les portes de l’équipe de France. La France a construit des logements et des écoles. Mais elle n’a pas anticipé – et c’est presque invraisemblable – ce que deviendraient ces quartiers isolés, tellement pensés pour être autonomes qu’ils sont devenus cloisonnés. Il faut désenclaver les banlieues. Ce ne sont pas les écoles, les théâtres ou les commissariats qui manquent en banlieue, ce sont les cordonniers, les boulangers, les bouchers, les boutiques de fringues étranges devant lesquelles tu passes en te disant « tin mais qui va acheter des trucs ici ? » ; il manque des trottoirs, des commerces, il manque du passage. Tu ne croises pas, en partant au boulot, un mec qui lui arrive au boulot. Tu ne croises pas quelqu’un qui cherche sa route. Tu ne croises pas quelqu’un qui n’habite pas là. T’as des jardins pour les gosses, mais tu ne croises pas de baby-sitters. Le Corbusier, c’est le Domenech de l’architecture. Une solution qu’on pensait être bonne, en laquelle on a cru trop longtemps, et qui a gravement foutu la merde.

Dpd : En somme, il faudrait améliorer les conditions de vie en banlieue pour que ça se passe mieux en banlieue. Facile à dire, non ?

FR : Pas facile, surtout, de définir « améliorer ». Ma piste, c’est de regarder les villes. C’est faire que les banlieues deviennent villes. Aujourd’hui, on se focalise sur le sport, la culture, l’exemple de quelques uns qui réussissent. Mais à partir du moment où le but est de s’en sortir, on n’améliore pas l’endroit que l’on aide à fuir. Or les gens aiment où ils grandissent, malgré tout. Ils affirment leur appartenance à la banlieue.

Dpd : Tu penses que la question des quotas de joueurs binationaux va avoir des répercutions terribles chez les jeunes de banlieue ?

FR : Evidemment. La question des quotas, et son traitement médiatique. Le titre de Médiapart… (Il réfléchit) La ministre a raison de rappeler cette phrase de Laurent Blanc : « S'il n'y a - et je parle crûment - que des blacks dans les pôles et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien. » Parce que les journaux ont plus souvent cité celle-là : « Les Espagnols, ils m'ont dit : "Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas. » De quels « problèmes » s’agit-il ? On suppose que Laurent Blanc cite les Espagnols pour parler de quoi ? Si l’angle de l’article où l’on cite cette phrase est de fustiger le racisme, tu ne mettras pas la même chose sous le mot « problème », que si l’angle de l’article est la question du budget investi pour des gens qui choisiront une autre nationalité.

Dpd : Et encore autre chose, si on parle du style de jeu à adopter.

FR : Bien entendu. Il peut y en avoir, des problèmes… Et chacun est porteur de ses ambiguïtés. Le contexte de la citation, c’est de savoir si on est obligé de se focaliser sur des mecs grands et costauds pour bâtir des équipes et un style de jeu. A cela se greffe le problème des assimilations entre « origine » et « caractéristiques physiques », à cela se greffe le problème des binationaux (le financement de la formation des internationaux pour d’autres pays), à cela se greffe la mention de la nécessité d’éduquer les jeunes en centre de formation, à cela se greffe la question de l’identité de l’équipe de France, et à cela se greffe, enfin, le problème du langage familier des discussions privées.

Dpd : Que des contextes crispés. C’est très compliqué !

FR : Ce que certains vont retenir sera simple : des mecs vont conserver l’idée de racisme et de rejet d’une catégorie de population. Sincèrement, la situation est grave. Son traitement médiatique a été grossier et imprudent : le point de départ a été donné par Médiapart sous l’angle du racisme ; c’est sous cet angle qu’il se perpétuera des années encore. Il y a déjà de grosses tensions dans le foot amateur, ça ne va pas s’arranger avec les blagues sur les quotas. Il va y avoir du ressentiment.

Dpd : Il n’y avait rien de douteux dans cette réunion ?

FR : Annoncer qu’il faut prendre des mesures sans que cela se sache, c’est pour le moins ambigu. Mais pour sa médiatisation, il fallait partir du contexte, des problèmes posés à la formation, et souligner les ambiguïtés ; là on est parti du scandale, et il a été trop tard pour réaffirmer le contexte. Médiapart était trop pressé de balancer – d’orchestrer – sa dénonciation d’un « réseau fasciste en France ».

(Il s’arrête et réfléchit.) Si seulement on était descendu de ce bus…

Dpd : Comment ça ?

FR : Je ne sais pas, j’ai l’impression que c’est lié. Sur le moment on ne pouvait pas penser aux répercussions, je te le promets. Avec la presse, c’était tendu… Avec la Fédé aussi… On représentait la France et avec la médiatisation de la grève, on est passés pour des traîtres de l’identité française en général. On a mis la question de l’identité au cœur de la question de la sélection. Tout le monde s’en foutait, que Platini ne chante pas le Marseillaise.

Dpd : C’est l’équipe de France 98 qui a mis la question de l’identité au cœur de la sélection.

FR : Non, pas l’équipe elle-même. Et je rappellerai en outre qu’on a parlé d’équipe Black-Blanc-Beurs, qu’après la victoire en finale - jamais avant. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus.

(Silence de Franck) Putain de bus de Knysna… La seule chose bien à nous, c’était le vestiaire, et… Vas-y, Deux Pédés collés (rires de Franck), assure, tu veux pas faire un article sur les vestiaires de foot ? Ce serait trop michto.

Dpd : Si, c’est prévu. Le mot de la fin Francky ?

FR : Ce sale bâtard de Domenech, il a fait de l’équipe de France une ennemie pour la France. On paye ses dettes.


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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 22:41

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Martine Aubry, depuis quelques années maintenant, exige qu’il y ait 20% de Français « issus de la diversité » dans la direction du Parti Socialiste.

« Inacceptable, terrifiant, imbécile », a dit dernièrement Martine Aubry, qui a fustigé les membres de la réunion de « l’affaire des quotas ».

Est-ce contradictoire? est-ce que c’est comparable ? En quoi est-il différent de souhaiter 20% de Français issus de la diversité en politique (ou à la télé, ou à la tête des grandes entreprises) et de souhaiter 20% de Français issus de l’immigration dans les centres de formation de l’Équipe de France ?

Ceux qui pensent que cela n’a rien à voir (comme Martine Aubry, selon toute vraisemblance) ont tort : il est bien question, dans les deux cas, d’exiger une certaine quantité d’individus d’un certain type dans un ensemble. On peut appeler ça quota, discrimination positive, ou comme on veut – il est bel et bien question de fixer une proportion.

Cela dit, ceux qui jugent que c’est exactement la même chose ont tort aussi.

Il y a une forme d’aveuglement, sans doute, chez les politiciens, par exemple, qui sont « contre toutes les discriminations », alors que dans le même temps ils sont favorables à un nombre de places réservées aux élèves venant de ZEP dans les grandes écoles, mais cela ne veut pas dire que toutes les légitimations de quotas sont les mêmes.

Les outrés se positionnent, dans ces affaires de quotas, en affirmant une valeur (on ne peut pas fermer des portes à des personnes issues de la diversité !). Ils appliquent cette valeur à peu près aveuglément au contexte. C'est-à-dire que dans un autre contexte (la discrimination positive à l’entrée des grandes écoles), les mêmes valeurs feront dire à ces mêmes personnes tout aussi arbitrairement : mais comment ne réserve-t-on pas un quota de places à des jeunes issus de l’immigration ?

Ça me fait penser à cette pénible étudiante en philo, qui manifestait contre la délocalisation de la Sorbonne en banlieue et à qui j’avais dit : « si demain y’a une manif’ dénonçant la concentration des Universités dans le centre de Paris, tu y seras pareil », et qui m’avait dit : « pff t’es vraiment un con ».

Que se passe-t-il en réalité dans la tête des scandalisés ? Ils défendent les quotas quand les quotas servent la diversité, et ils critiquent les quotas s’ils y voient une menace à la diversité. Et c’est tout. Alors que les deux types de discours semblent contradictoires, parce que d’un côté on ne veut pas de quota et d’un autre on en veut, sous un autre angle ils sont cohérents, parce que dans tous les cas on veut de la diversité. Mais les bons sentiments déployés, le ton pénible et offusqué devant « le mot quota » est tellement grossièrement bien pensant, et tellement aveugle aux contradictions manifestées, que c’est insupportable. Leurs auteurs sont tellement prêts à dire tout est son contraire pour toujours dire ce qui est cool que c’est odieux.

Médiapart est allé plus loin encore, en étant de ceux qui s’offusquent des paroles prononcées lors de la réunion de la DTN, pour mieux se faire les hérauts de la République contre la tentation fasciste en France.

Narcissime de journaliste. Presse à scandale.

 

Partons maintenant du principe que la diversité c’est bien. 

Si vous le voulez bien, pour simplifier, appelons les Français blancs (qui ne sont pas blancs, si on regarde bien - même si dans certaines régions du Nord on s'en approche) : les "Blancs"; et appelons "la jeunesse de nos quartiers + les binationaux + les enfants d'immigrés + tous ce qui sont manifestement moins blancs que Laurent Blanc" : les Noirs.

La diversité, donc, c'est bien - mais il reste un sérieux problème. On peut apparemment limiter le nombre de Blancs pour laisser des places aux Noirs, mais on ne peut pas limiter le nombre de Noirs pour laisser des places aux Blancs.

La logique indique que c’est du gros foutage de gueule, une belle hypocrisie de la part de ceux qui s’offusquent – si on défend la diversité, alors on devrait aussi défendre la diversité en équipe de France et s'étonner du nombre de Noirs. Et on devrait être d’accord avec ceux qui veulent diversifier les types de joueurs.

Sauf que ce n’est pas qu’une affaire de logique. C’est une affaire de valeurs et de contexte.

Peut-on situer le problème de la place accordée aux Blancs dans notre société, et celle accordée aux Noirs, sur le même plan ? Est-ce que c’est « pareil » ?

Non, ce n'est quand même pas pareil. Ou plutôt, ce n’est le même problème qu'abstraction faîte des conditions réelles, qu'abstraction faîte de la situation du problème. Dans le monde réel, le problème de la place des Noirs est plus aigu. Et pas nécessairement parce que les Blancs se flagellent et s’excusent d’être les enfants des méchants colons (même si chez certains c’est le cas) : le problème de la place accordée aux Noirs est, si l’on peut dire, plus problématique en soi, que le problème de la place accordée aux Blancs.

Les discriminations, etc.

« En soi », ou plutôt : actuellement, en tenant compte du contexte culturel et historique dans lequel le problème est posé. Et donc on ne va voir le mal (un « quota de Noirs ») que lorsqu’il semble accompagner, perpétuer, voire accentuer, un mal déjà existant (la place accordée aux Noirs et le regard porté sur eux dans notre société).

Ce même objet, le « quota de Noirs », devient très cool si c’est pour leur faire une place dans la direction d’un parti politique. Ou d'une grande école. Ou d'une entreprise. Ou de la FFF. Et Aubry et Thuram, qui sont outrés par le mot "quota" lui-même, ne semblent pas voir la nuance – je suis bien aimable de la faire pour eux.

Eux, ils ne sont simplement pas à un paradoxe près quand ils sortent de leur gonds à la seule mention du mot, et ils sont d’autant plus éloignés de chercher la solution au paradoxe, qu’ils ne voient même pas qu’il y en a un qui pointe. S’ils ne le voient pas (alors même qu’il est soluble), c’est parce qu’ils sont aveuglés par leur propre armure de chevalier combattant pour les causes justes et belles.


Ils ont leur cause, et ils s’arrangent pour faire rentrer les faits dedans.

Médiapart a aussi sa cause, et s’est arrangé pour voir quel titre pourrait parfaitement faire d’eux les Valeureux Sauveurs du désastre : « moins de Noirs et d’arabes en équipe de France », ont-ils titré, avec photos de Laurent Blanc partout – le sélectionneur, la figure médiatique, qui a pourtant insisté – le verbatim le dit – sur le fait qu’il s’en fout des couleurs.

Bilan : les gens sont plutôt pour la diversité, et ils ont beau faire des grandes déclarations, ils n’ont en réalité aucune idée arrêtée sur les moyens à partir du moment à la fin est satisfaite, et elle peut bien l’être grâce à ce que vous voudrez. Tous ces Thuram qui s’offusquent du mot « quotas » sont donc au minimum maladroits, non pas au sens où ils auraient tort dans l’absolu de reprocher qu’on veuille limiter le nombre de binationaux (car il y a débat, on va y venir et se prononcer), mais au sens où un manifeste snobisme les pousse à adopter des postures alors qu’ils ne savent même pas précisément ce qu’ils disent, et alors que, dans le cas où nous n’aurions que des Blancs en équipe de France, un « quota de Noirs » serait – c’est absolument certain – le bienvenu, et appelé de leur vœux.

Il n’y aurait que des Blancs en équipe de France, Médiapart lancerait une campagne pro-quota de Français d’origine étrangère dans l’équipe de France, pour qu’elle « ressemble à la société française ».

« Mais ça veut dire quoi, ressembler à la société française ? On regarde les proportions dans la société française, et on les applique ? Il manque alors des Corses en équipe de France », leur répondrais-je alors dans un article enflammé.

 

Bref : un peu de sérieux.

Qu’en pense-t-on, sur ces pages sérieuses ? On en pense que si on aime l’équipe de France, la couleur des joueurs elle passe après celle du maillot, la couleur souhaitée elle est donc bleue (avec, désormais, du rouge si on retrousse les manches, et la couleur est blanche avec des rayures quand la France joue à l’extérieur). Et aussi niais cela soit-il, cela signifie la chose suivante : la France doit sélectionner les meilleurs. Et avant de choisir des « meilleurs », il faut des critères. Et la France ne doit pas renoncer à définir un style de jeu et une identité à sa formation – et donc à élaborer des critères. Cette identité, ces critères, doivent se nourrir de la diversité de profils disponibles – c’est une chance.

La France est faite de diversité ; à partir de là on valorise trop, en effet, les joueurs grands et costauds dans nos centres de formations, alors qu’on a plein de grands et frêles joueurs blonds qui ont un sens génial du placement et de plein de petits Arabes hyper techniques. Le type de jeu que la promotion des grands et costauds conduit à développer est un jeu exclusivement physique qu’on ne veut plus autant plébisciter, et on a bien raison.

Si on est sérieux, ensuite, on prend au sérieux le problème des binationaux. Et la question n’est pas de savoir si les meilleurs restent ou partent – cette réponse, lue sur quelques blogs fameux, commet l’erreur de continuer à défendre notre système sous prétexte que ça ne dessert pas l’équipe de France : ce sont généralement les moins bons joueurs qui changent finalement de nationalité. Mais ça veut dire quoi : que si les meilleurs binationaux partaient, ces blogs seraient pour une instauration de quotas ?


Alors c'est quoi, le problème?

La question est de savoir si on doit consacrer du temps et de l’argent à former les joueurs pour les autres pays.

Et c’est une question importante et légitime. Aimé Jacquet, par exemple, est pour le fait de continuer, parce qu’il pense que c’est aujourd’hui un des rôles de la France, à l’égard notamment de certaines autres nations liées à l’histoire coloniale de la France.

La France peut bien faire ça, en quelques sortes. Mais en disant cela il ne snobe pas la question ; il se la pose sérieusement et il y répond. Je pense, personnellement, qu’à 18 ans on devrait faire un choix. Je comprends qu’on ait envie de jouer la coupe du monde et que ça puisse pousser à choisir son "autre" (première? deuxième?) nationalité, mais la question est aussi de savoir quelles couleurs on veut défendre. Quel drapeau. Je propose donc qu’on choisisse à 18 ans. Si avant 18 ans on a joué avec l’équipe de France mais qu’on se sent ensuite finalement plutôt Péruvien à sa majorité (et même si c’est parce qu’au fond on sent bien qu’on sera sélectionné au Pérou et pas avec la France, parce qu’on est milieu défensif et qu’il y en a déjà douze), eh bien on peut encore choisir le Pérou. Je ne vois pas pourquoi la France ne miserait pas sur ses binationaux. Car la jeunesse française, en effet, etc.

Mais le fait que d’autres s’interrogent sur la raison d’être d’un budget assez conséquent investi pour d’autres nations ne me pose pas de problème de conscience. C'est au contraire un débat intéressant.

Le joueur Franco-Brésilien Wendel a annoncé, récemment, qu’il voulait prendre la nationalité française et intégrer l’équipe de France. Tout le monde a bien compris que c’était pour jouer la Coupe du monde au Brésil : le joueur sait bien qu’il ne fera pas partie de la Seleçao.

Et tout le monde s’est foutu de sa gueule. D’où il croit qu’il a sa place en équipe de France, lui ? Et qu’est-ce que c’est que cet opportunisme ?

Il aurait 17ans et il voudrait faire l’inverse, il serait un pauvre bougre, un sympathique joueur qui a juste des rêves.

Qu’on nous trouve un pays en Europe qui assume autant la diversité de son pays! – on est des modèles. Des précurseurs. Les Allemands ils commencent à voir qu'ils ont des Özil et il était temps. Attention tout de même : médias et politiques avaient voulu, avec un manifeste opportunisme, faire de l'équipe "France 98" un symbole, une image positive et apaisante – mais la vérité éclate (aux yeux de ce qui n’on jamais joué au foot) : les joueurs de 98 (les gens en général) ne sont pas frères.


En résumé :

Personne ne s’est offusqué que Ségolène Royal, en 2007, ait sollicité le vote des femmes.

Si Sarkozy en avait appelé au vote des hommes, ça aurait fait d’autres vagues…

De même : on s’offusquerait qu’il n’y ait que des Blancs en équipe de France, mais s’il n’y avait que des Noirs, on devrait s’interdire de le remarquer.

Scandale ?

Oui et non.

Oui, d’un point de vue logique : pourquoi ne devrait-on s’inquiéter de la diversité que lorsqu’il y a beaucoup de Blancs ?

Mais en même temps, non, parce que la logique doit se confronter au réel. De même que la domination masculine est un problème plus profond et plus actuel que la domination féminine (la phrase de Royal n'a alors pas renvoyé vers le problème réel - ce que la phrase équivalente, dans la bouche de Sarozy, aurait fait), de même la domination par les Blancs est un problème plus sensible : ça fait du bien quand les défauts ne sont pas confirmés, ça fait du bien de voir des Blacks-Blancs-Beurs (problème : certains vont jusqu'à estimer que si la situation s'inverse, c'est légitime, comme une sorte de "revanche" - comme si nous devions payer pour nos grands-pères sexistes et colons. Si seulement on pouvait prendre davantage exemple sur la campagne de Barack Obama! - jamais il n'a eu la moindre attitude revencharde. Il n'aurait pas été élu, en accusant les Américains d'être les produits de leur histoire - aussi détestable soit le sort qu'elle a longtemps réservé aux Noirs - et en leur demandant de soutenir la cause d'une revanche. Et ça ne l'a pas empêché d'incarner, aux yeux de ce qui voulaient la voir, cette revanche).

Ce serait un signe positif qu’on puisse aborder progressivement les problèmes sous leur aspect logique - qu'il soit aussi absurde d’en appeler au vote des femmes qu’à celui des hommes ; qu'il soit tout aussi neutre que l'équipe de France soit composée exclusivement de Blancs, ou exclusivement de Noirs, ou de Niçois, puisque les critères de sélection c’est le niveau et le style de jeu. Ce serait un signe positif, parce que ce serait le signe que le contexte s'est apaisé. Peut-être finira-t-on par parler des Noirs comme on parle des Bretons : on pourra alors se dire : "tiens, il n'y a aucun Noir à la coupe du monde" - et ce ne sera le signe de rien d'autres que parmi les 22 meilleurs joueurs du moment on ne compte aucun Noir.

 

Le point de vue logique et rationnel a à la fois l’inconvénient et l’avantage de s’affranchir des valeurs et des bon sentiments des individus. L'inconvénient, parce qu'il aurait tendance à oublier que dans les faits, ce n'est pas si clair : on joue avec des choses que les gens ressentent. L'avantage, parce que ce qu'on ressent, ce n'est pas toujours éclairant. On peut néanmoins être gravement tenté par le froid point de vue rationnel quand on entend ceux qui s'enorgueillissent à impliquer tant de chaleur et de morale généreuse dans leur contradictions satisfaites.

 

Post-scriptum : Il est agaçant d’entendre ceux qui se sentent nobles de dénoncer les valeurs indignes qu’ils sont toujours prédisposés à combattrer, en analysant des paroles et un niveau de langage qui relèvent du privé. C’est ce que Dugarry a voulu expliquer à Thuram, en lui rappelant, premièrement, qu’il avait convié les Noirs de l’équipe de France pour faire une photo avec la coupe du monde, deuxièmement que Franck Leboeuf lui avait dit : « Eh ! Imagine on si avait dit qu’on voulait faire une photo entre Blancs ! », et troisièmement que personne n’avait pour autant déduit que Thuram était raciste anti-Blanc. Présomption d’innocence – surtout lorsqu’on connait les mecs en question. Il semblerait que Médiapart trahisse, en revanche, gravement le principe de présomption d’innocence en n’envisageant pas qu’il y ait chez Laurent Blanc le souci de la diversité. Ce fameux souci de la diversité qu’on exhibe tant - qu'on s'approprie - à Mediapart.

Aux deux pieds décollés, on n’est pas des chevaliers, et on regarde les faits et on regarde les actes (qui n'a pas déjà eu envie de pousser la vieille qui traîne au milieu de l'escalator dans le métro? Mais qui l'a fait?) : les sélections de Laurent Blanc ne limitent absolument pas - bien au contraire - les places pour les Noirs, les derniers capitaines de l’équipe de France c’est Diarra et c’est Nasri, et si aujourd’hui les grands costauds qui se présentent dans les centres de formation sont des « blacks », eh bien c’est en vertu… de la couleur de leur peau.

 

 

 

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http://www.idf1.fr/news/medias/2011/04/29/equipe-de-france-de-foot-des-quotas-de-noirs-et-d-arabes.html


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