Pour mon anniversaire, j’ai demandé à un ami qui connait très bien Jean-Claude Van Damme d’organiser une interview pour les Deux pieds décollés. Eh bien figurez-vous que si Jean-Claude Van Damme n’a pas voulu jouer dans The Expendables, il a en revanche tout de suite accepté l’interview. Quel ne fut pas mon étonnement lorsque j’ai appris qu’il connaissait très bien mon blog! Il y est même abonné, mais sous son vrai nom – Jean-Claude Van Varenberg – et je n’avais pas fait le rapprochement.
Deux pieds décollés : Bonjour Jean-Claude.
Jean-Claude Van Damme : Bonjour Deux.
DPD : Tu aimes le football, Jean-Claude ?
JCVD : Non seulement j’aime le foot, mais je le connais. J’étais au stade, mercredi dernier. Et d’ailleurs je dois dire qu’il est insupportable, ce Stade de France. Les supporters ne savent pas encourager l’équipe, c’était déprimant. Alors je me suis levé et j’ai crié : « Vous allez chanter, bande de cons ? ». Ce à quoi un mec avec des pectoraux énormes a répondu : « Assis ! ». C’est parti en bagarre.
DPD : Quels joueurs apprécies-tu, Jean-Claude ?
JCVD : J’ai adoré Enzo Scifo, mais aujourd’hui, le meilleur c’est Cristiano Ronaldo. Il me fait un peu penser à moi, je dois dire. Ses gestes nets et précis, sa posture droite, son regard, bref son élégance. Son charisme, plus exactement. Je pense d’ailleurs à le prendre dans un film : il jouera mon frère qui se fait enlever, pendant je dois gagner un tournoi de boxe thaï, organisé – et c’est là toute la subtilité – par les types mêmes qui l’ont kidnappé !
DPD : Ah oui ça a l’air bien. Et qu’as-tu pensé du fait qu’au Brésil on ne marque pas le nom des joueurs sur le maillot de l’équipe nationale ? Il semblerait aussi qu’ils aient porté les numéros de 1 à 11, les numéros de titulaires, comme quand on était mômes.
JCVD : Il faut que tu cesses avec tes thèses réactionnaires. Tu n’acceptes pas que le monde avance et change. Tu restes fidèle à un idéal du football – comme si cela avait existé ! C’est une illusion rétrospective. Le « c’était mieux avant » est un leurre. Qu’il s’agisse de Marx qui pensait que l’homme était naturellement bon avant la propriété, ou de toi qui penses que l’univers du foot se dégrade, vous fondez vos souhaits sur une image faussée de l’homme et du foot. Dîtes-vous bien une chose : le monde s’améliore. Non seulement les utopies sont toutes des nostalgies, mais en plus ce sont des nostalgies infondées – si ce n’est sur des fantasmes.
DPD : Je ne pense pas du tout que c’était mieux avant, absolument pas. Je pense juste que les joueurs ont l’air cons en célébrant leur but de manière chorégraphiée et qu’il serait préférable que les maillots des équipes nationales ne soient pas floqués des noms des joueurs ; voilà, c’est tout. C’était nul, le foot, avant : on pouvait faire des passes en retrait, les poteaux étaient carrés, on avait des shorts de course à pied. Les films d’action, tu trouves qu’ils ont progressé, depuis toi ?
JCVD : Le foot a remplacé les films d’action. On ne sait plus, aujourd’hui, faire des bons films d’action comme dans les années 90. Tu vas au cinéma ? Plus un seul ralenti sur un coup de pied sauté retourné. Plus de gants trempés dans des bouts de verre. Et cherche un grand écart ! On n’en voit plus. Mais je ne me plains pas ! Car le monde avance, et le foot est là. Nous avions le film du dimanche soir, dans les années 90 ; nous avons désormais le match du dimanche soir. Souvent moyen, parfois spectaculaire, avec toujours un peu les mêmes acteurs. Avant, le dimanche aprem’, on louait des films d’action étrangers, maintenant on prend foot +, on regarde le foot anglais. Du suspense valable aujourd’hui ? C’est en champion’s league, pas sur les écrans. Mercredi dernier, moi, j’aurais mis carton rouge à Benzema : comment a-t-il pu se laisser atteindre par un high kick aussi simpliste ?
DPD : Jean-Claude, pourquoi n’as-tu pas voulu jouer dans Expendables ? T’as déconné.
JCDV : Mais parce que, bordel, j’étais censé prendre une rouste ! Par Jet Lee ! Tu te rends compte, la honte ? Moi j’ai fracassé Tang po, et Jet Lee pourrait me mettre à terre ? Are you kidding me ? Et puis… Pas de coup de pied retourné dans le script. Pas une frappe du tibia dans un bambou. C’est un film de fiottes.
DPD : Ah ouais c’était marrant contre Tang po : il te disait avec quelle partie du corps il allait te frapper et toi tu prenais quand même le coup dans la gueule... (Rires). (Qui ne font pas rire JC.) Euh non pardon, je m’égare, je ne sais pas ce qui m’a pris. Je comprends pour Expendables. Et je dois te dire que je suis très ému… Merci Jean-Claude pour cette interview, en plus c’est mon anniversaire, et je…
JCVD : Ton anniversaire ? Quel âge as-tu ?
DPD : Eh bien j’ai 29 ans aujourd’hui.
JCVD : Et qu’as-tu fait, à 29 ans, pour l’annoncer aussi fièrement ? Qu’as-tu accompli ? Tu voulais être footballeur, je suppose, hmm ? Pourquoi écrire sur le foot, sinon ? Il ne rapporte rien, ton blog, c’est évident, enfin je veux dire cela se voit dans le graphisme, et puis dans le contenu ; bon, moi je suis abonné, bien sûr, mais combien sommes-nous, hmm ? COMBIEN ?
DPD : Ben… 21, mais… Bon ‘y a facebook, aussi, et puis les recherches Google et… Le flux RSS…
JCVD : Le quoi ? Qu’est-ce tu m’embrouilles, là ! 29 ans ! T’es fini, à 29 ans – M’Villa, tu sais quel âge il a, M’Villa ? Et Messi ? Toi t’es bon pour l’Urban foot, pour faire des jongles à la plage – mais la vérité elle est là : t’as pas été pro, et tu seras jamais un pro.
Alors que moi, à ton âge – ben regarde :
DPD : Je ne serai jamais pro, en effet, même s’il m’arrive toujours de m’imaginer en coupe du monde battant l’Italie. Mais laisse-moi te dire une chose et crois-moi qu’elle est sincère : les foots, passés ou à venir, avec ma famille et mes proches, je ne les échange contre aucune carrière pro.
Sale con.
Allez lève-toi et va danser pour mon anniversaire.
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