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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 10:17

buffon-hymne.jpg

La question se pose à nouveau – et je m’aperçois que je ne me suis encore jamais prononcé.

Eh bien ma réponse est non.

J’entends déjà certains lecteurs : « Quoi ? Toi qui aimerais que les noms des joueurs ne soient pas floqués sur les maillots des équipes nationales, toi qui n’aimes pas les célébrations de but, toi qui dis encore « arrière d’aile », toi, tu n’exiges pas que les joueurs chantent l’hymne nationale ? »

Mais au nom de quel argument ? Personnellement, je chante faux, même Joyeux anniversaire j’le chante faux – et si j’avais été sélectionné en équipe de France, j’aurais pas chanté. Et ‘y a peut-être des joueurs pudiques ? Et ‘y a peut-être des joueurs communistes ?

Ce problème de l’hymne national n’existe que parce qu’il y en a d’autres – incivilités, insolence, dilettantisme des joueurs. On gagnerait, personne n’en n’aurait rien à fiche. C’est comme ça la France : on n’a parlé d’équipe « black / blanc / beur » qu’après la coupe du monde remportée – jamais il n’avait été question d’une sélection « black / blanc / beur » (c’était plutôt une sélection, si mes souvenirs sont bons, où l’on comptait les joueurs du championnat de France, voire les joueurs blancs).

Alors je sais bien que Buffon ferme les yeux et donne tout dès l’hymne, et qu’on peut alors proposer des corrélations entre l’attitude pendant l’hymne et celle sur le terrain – mais on en a connu des qui chantaient et qui ne branlaient rien, et même d’autres qui ne chantaient pas et qui donnaient tout.

En Italie ils aiment tellement la nation que longtemps, quiconque n’avait pas une couleur ou un nom bien italien n’avait guère de chance d’être sélectionné. Sans nécessairement discuter l’idée que les Italiens se font de la nation, parce qu’il faudrait longuement développer pour dépasser le raccourci ici fait, je refuse simplement d’y voir un modèle qui va de soi. Ce n’est pas nécessairement derrière l’hymne qu’on se soude, ni grâce à lui qu’on se motive. Le respect, ou l’amour, si l’on veut, du maillot de l’équipe national ne passe pas irrémédiablement par le chant de l’hymne. Du moins on ne m'a encore jamais expliqué en quoi ce serait le cas.

En exigeant que les joueurs chantent, on veut quoi ? Sauver les apparences ? Quelle mentalité petit bras. Il suffira, si la France joue mal, d’exprimer que « pff de toute façon les joueurs ne chantent l’hymne que parce qu’on les y oblige ».

La solution elle est simple : si l’équipe de France ne représente pas le sommet pour un joueur (s’il est trop pénible, s’il ne peut saquer personne, s’il préfère le ballon d’or au titre international, ou je ne sais quoi), eh bien on ne le prend pas. Je ne comprends pas comment on peut se plaindre de joueurs qu’on choisit. Qu'on sélectionne. Y a-t-il en France un seul joueur qui soit au-dessus du lot au point qu’on doive « faire avec » ses tares, puisqu’il fait basculer les rencontres ?

Et quand bien même…

Je ne sais plus qui a dit qu’en Angleterre on aimait le foot, tandis qu’en France on aimait gagner au foot, mais il avait raison. Notre pays de coqs n’a pas le courage d’être… mettons comme la Grèce, à savoir une équipe moyenne mais courageuse, qui fait plaisir à ses supporters parce qu’elle fait le maximum. Nous on prétend vouloir exclusivement que les joueurs « mouillent le maillot », mais c’est faux : on veut une équipe à la hauteur de notre orgueil, et une équipe consciencieuse et combattive ne le comble pas. Notre génération 87 s’est vu tout pardonner, parce qu’elle avait gagné – maintenant qu'elle ne gagne plus, on veut qu’elle chante, on regrette qu’elle n’ait pas fait l’armée, parce qu’elle parle mal, qu’elle tricote. Pourtant Menez il avait fait l’effort de faire la crète…

 

 

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