L’avantage aussi donne lieu à une gestuelle codifiée : le signal, comme on peut le constater, consiste à symboliser et accompagner le déroulement du jeu. Comme pour le coup franc direct, c’est le sens de l’attaque qui oriente le geste. Il n’y a, d’ailleurs, d’avantage laissé que lorsque l’équipe était dans une position favorable – c’est-à-dire offensive.
Il fallait de toute évidence un signal lorsque l’arbitre se retient de siffler. Les mauvaises langues diront que c’est comme lorsqu’on autorise les enfants à sucer leur pouce quand on les a privés de leur sucette. « Bon là tu ne siffles pas mais tu vas tout de même devoir nous faire un joli geste ». Mais en réalité, si le geste est nécessaire et qu’il est particulièrement ostentatoire, c’est parce que l’arbitre, signalant qu’on peut continuer, indique en même temps qu’il a bien vu qu’il y avait faute.
Si le jeu continue, c’est parce que l’arbitre a bien voulu l’autoriser, qu'il a senti que c'était préférable ; par ailleurs, en plus de l’ensemble des joueurs et du public, le joueur fautif peut constater qu’il a été capté – et au terme de l’action l’arbitre peut s'il le désire revenir lui mettre un carton.
Je rappelle et développe, pour conclure cette série des gestes des arbitres, ce que j’ai déjà mentionné quelque part. Le « retour à la faute » est à en croire les commentateurs qui s’extasient toujours dans ces cas-là (« c’est très bien arbitré ! »), un des sommets de l’art d’arbitrer. Cette valorisation du retour à la faute est très méprisante : la félicitation est en effet tellement disproportionnée (constater que l’avantage n’a rien donné, et accorder finalement le coup franc, ne demande absolument aucune compétence spéciale), tellement disproportionnée, disais-je, qu’elle trahit une condescendance manifeste, et en définitive, une absence totale de considération pour les arbitres et les authentiques mérites de l’arbitrage.
Dissimulée sous un vocabulaire technique souvent risible ; masquée par des « signaux » trop codifiés pour ne pas être gentiment moqués ; absolument irremplaçable par la vidéo ; quasi absente, même, des nombreuses pages des lois du jeu, la valeur d’un bon arbitre est et sera toujours nichée dans la psychologie dont il saura faire preuve.
La connaissance des Lois du jeu – comme toute forme de connaissance ou de culture, d’ailleurs – ne contribuera jamais en rien au discernement le plus essentiel, sur un terrain de foot comme partout ailleurs : l’intelligence de la situation.