Brandao en prison

 

Impossible d’ouvrir un journal ou d'allumer la télé sans tomber sur l’affaire de mœurs la plus incroyable de cette année 2011. Les images sont terribles : Brandao menotté, accusé de tentative de viol dans un Formule 1 pas loin de l’étang de Berre. Il aurait fermé à clé avant de brutaliser l’employée pour qu’elle se laisse prendre. La jeune mère de trois enfants, qui n’était jusqu’à présent jamais entrée alors qu’un client était nu et surexcité, n’a pas gardé sa langue dans sa poche.

En France, on est choqués par ces photographies, mais au Brésil, pas de footballeur professionnel qui tienne : un homme accusé de tentative de viol est un homme accusé de tentative de viol. Tous les hommes sont égaux, et si certains sont susceptibles de faire partie de la sélection nationale on s’en fout pas mal. La démocratie marche peut-être mieux qu’en France, où nous avons un peu tendance à passer aux rois leurs caprices. « Oui, vous savez, foot et sexualité… C’est bien connu… ».

Tout le monde a en tête l’affaire Ribéry/Lewinsky, qui n’a finalement conduit à rien du tout, si ce n’est à la starisation de la petite pute, et il semblerait que cette fois-ci tout cela n’aboutisse pas qu’à une publicité incroyable pour la chaîne hôtelière concernée, mais bel et bien à une poursuite judiciaire forcenée.

D’autant que cette affaire en appelle d’autres : Tristane Abedi Banon, fille d’un proche de l’Olympique de Marseille, aurait elle aussi été victime de la violence de l’attaquant. Elle s’était tue, parce qu’au fond, ça va, il ne l’avait pas violée non plus (elle avait pu s'échapper) et elle n’allait pas foutre la merde dans le club (qui sera au bord de l'implosion si cette affaire devait être avérée).

C’est à l’aéroport de Marignane que les inspecteurs en civil Robert Robichet, Jean Pierre Vidol et Marcel Patoulachi ont arrêté le joueur de l’OM, qui s’apprêtait peut-être à fuir – thèse peu probable, puisqu’il avait prévu depuis longtemps de décider soudainement de rentrer au Brésil.

Beaucoup d’incohérences sont à signaler dans cette histoire : on nous dit qu’il aurait oublié son téléphone portable dans la chambre, et en même temps, qu’il aurait appelé sa femme sur le trajet vers l’aéroport. On nous dit que la police a besoin de deux ans pour retrouver des boîtes noires qui émettent pourtant un signal, mais qu’en deux jours seulement elle a pu effectuer des analyses du corps de Brandao. On nous dit qu'il est parti pressé de l'hôtel, mais bordel, il était en retard!

Par ailleurs, nombreux sont ceux qui auraient pu chercher à nuire à l’attaquant, connu dans tout Marseille pour sa fragilité (dès qu’une femme le voit nu, il doit absolument la pénétrer). Qui trouverait un intérêt à l’arrestation du buteur ? Il y a les autres attaquants du Brésil, bien sûr, qui veulent absolument jouer la coupe du monde. Il y a les futurs adversaires du Brésil, aussi. Mais à l’intérieur même du club où Brandao était en pointe, on a pu vouloir l’écarter.

Aussi, le visage grave du favori au titre de meilleur buteur du championnat montre-t-il un homme déterminé : il nous prouvera qu’il n’a pas touché la femme de chambre. Cela dit, il hésite encore : il dira peut-être qu’il y a effectivement eu des attouchements, mais que c’est elle qui a insisté. Il a choisi, pour sa défense, les avocats de Michael Jackson accusé de pédophilie. Bien joué mon gars.

S’agit-il, en définitive, d’un coup monté ? D’un coup pas monté ? Le procureur pense que Brandao a tout simplement voulu la monter, mais qu’il a manqué son coup : l’employée modèle recrutée deux jours avant par l’hôtel a réussi à s’enfuir.

Brandao, lui, ne s’échappera pas : pas de liberté sous caution. Il ne faudrait pas qu'il quitte le pays.

Il risque d’être cryogénisé durant 74 annés, pendant lesquelles il apprendra la couture.

Et avec tout ça, personne ne parle du festival de Kahn.